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Les Choses de l’Esprit

par T. Austin-Sparks

PREMIÈRE PARTIE - LA DISPENSATION DU SAINT ESPRIT

L'on reconnaît généralement que Dieu a dirigé le cours de l'histoire de ce monde dans ce que l'on appelle des âges ou des dispensations, ce qui signifie simplement que, en des termes différents, un caractère particulier et distinctif est donné à chaque période. Il y a eu les dispensations passées, qui ont eu chacune, leur propre caractère, et leur propre nature, et leur propre course. Il y aura les dispensations futures, appelées dans le Nouveau Testament « les siècles des siècles » ; elles auront de nouveau leurs propres caractéristiques particulières. Nous-mêmes, en ce temps présent, nous sommes dans l'un de ces arrangements particuliers de Dieu.

L'on reconnaît aussi généralement que la venue du Saint-Esprit, en ce moment particulier que l'on appelle « le Jour de la Pentecôte », a marqué un changement dans la nature des âges. Ce jour a vu un changement de dispensation. Ce jour a introduit la dispensation dans laquelle nous vivons, et qui a ses caractéristiques propres à elle-même et particulières, différentes de toutes les autres.

C'est là, naturellement, une vérité généralement acceptée, mais le fait de ne pas reconnaître, sous sa véritable lumière, la nature du changement qui s'est fait en ce jour, a été la cause de beaucoup de choses qui déshonorent le Seigneur, et la foi chrétienne. Il y a beaucoup de choses qui n'honorent pas le Seigneur Jésus, dans l'état actuel du monde chrétien, tel que nous le connaissons. Il y a dans les conditions présentes ce que déplore presque chacun. Il y a, par exemple les divisions qui existent entre les chrétiens. Ces choses-là, ainsi que beaucoup d'autres, ont créé une situation qui ne glorifie réellement pas notre Seigneur, et qui n'existerait pas si tout était selon Sa propre pensée. Cela est dû, dans l'ensemble, à ce que l'on n'a pas compris, dans toute sa valeur, le changement qui s'est produit au jour de la Pentecôte – la venue du Saint-Esprit – et tout ce qu'il devait signifiait pour ce monde et pour le peuple de Dieu.

L’ŒUVRE DU SAINT ESPRIT DANS CET ÂGE

Il y a, dans le ministère du Saint-Esprit en cet âge, quatre grands traits.

a) La Relation du Saint-Esprit avec l’Homme dans les Cieux

Premièrement, le Saint-Esprit est lié à l'Homme Parfait qui est dans les cieux; c'est Lui qui est Sa – celle du Saint-Esprit – vision, Son but et Sa passion. En d'autres termes, le Saint-Esprit est venu, comme consacré à Celui qui est à la droite de Dieu, l'Homme devenu parfait, le Fils de Dieu, pour établir toutes choses en relation avec Lui. C'est Lui qui est le seul but de l'œuvre du Saint-Esprit dans cette dispensation. La passion du Saint-Esprit, c'est Jésus-Christ dans les Cieux, Lui qui est le Modèle de Dieu pour une nouvelle création. C'est la première chose.

b) Un changement dans l'Être de l'Homme

La seconde grande question à laquelle est lié le Saint-Esprit dans cet âge, et qui est intimement liée à la première, c'est le changement de l'être même de l'homme. Il veut opérer une différence totale dans l'être même de l'homme, initialement puis progressivement. C'est une très grande chose.

c) Un Peuple appelé à Être en Union de Vie avec Christ

La troisième chose, c'est que, du milieu des nations, Il appelle un peuple qui soit en union de vie avec Christ, et par lequel est formée Son Eglise - l'Eglise qui est Son Corps. C'est pour cela que le Saint-Esprit s'est consacré au Seigneur Jésus Lui-même: Pour amener à l'Existence Son Corps, pour Lui, pour le rendre conforme à Lui, et pour Lui ramener enfin ce Corps. Les énergies dû Saint-Esprit sont tournées vers l'Eglise; elles sont liées à la formation du Corps de Christ, pour le rassembler et l'édifier. C'est là simplement l'accomplissement des propres paroles du Seigneur: « Je bâtirai mon Eglise » (Matthieu 16:18). Puisque c'est si peu de temps après avoir dit ces paroles qu'Il est retourné dans la Gloire, il est évident qu'Il a confié au Saint-Esprit la tâche d'accomplir la chose qu'Il avait déclaré vouloir faire.

d) La Mission et la Puissance de l'Eglise pour son Ministère dans le Monde

Et quatrièmement, le Saint-Esprit a pour tâche d'envoyer et de fortifier l'Eglise dans sa mission et son ministère dans le monde. Nous soulignons l'Eglise. Il est très important de souligner ce mot, parce que cela nous ramène à ce que nous avons dit au commencement: c'est qu'une compréhension inadéquate de la signification de la venue du Saint Esprit a conduit à beaucoup de faiblesses et d'erreurs. C'est l'Eglise qui est l'instrument oint pour la mission et le ministère dans ce monde. C'est l'Eglise qui est appelée à cette vocation. Mais cela a été manqué. Si l'Eglise dans son ensemble était restée sous l'onction et dans la mission qui étaient les siennes, nous aurions vu la continuation de ce qui existait à ses débuts. Mais cela a été largement perdu; cela n’a pas été reconnu comme il le fallait, bien qu’il y ait maintenant des signes d’un retour à cela. Mais la vérité, c'est que le Saint-Esprit, dans cette dispensation, est lié à l'Eglise, pour l'envoyer et la fortifier dans sa mission et son ministère en ce monde.

Nous réaliserons maintenant que, dans ces quatre choses, il s'en trouve beaucoup d'autres. Nous ne reprendrons pas ces quatre choses ici, mais simplement un petit fragment de la seconde.

Le Changement de l'Être de l'Homme

Le changement dans l'être de l'homme est une œuvre à laquelle s'est consacré le Saint Esprit, et pour laquelle Il est venu. Le premier aspect de ce grand changement, accompli par l'œuvre et la puissance du Saint-Esprit, c'est l'établissement d'une union vitale entre l'homme et Dieu, en Jésus-Christ; la connaissance de Dieu, d'une manière très immédiate, très réelle, très pleine et très vivante; quelque chose d'entièrement nouveau dans cette connaissance que l'homme a de Dieu, et de cette vie de Dieu en lui. C'est la première phase et le premier stade de cette oeuvre du Saint Esprit dans l'être même de l'Homme.

La Nouvelle Naissance: Une Lampe Rallumée

Cette connaissance vivante de Dieu implique ce que le Nouveau Testament appelle « la nouvelle naissance » – être né de nouveau, d’en haut. Mais qu'est-ce que cela? C'est la re-naissance d'une certaine faculté par laquelle l'homme peut avoir cette union de vie avec Dieu. La Parole de Dieu contient cette phrase: « L' esprit de l'homme est une lampe de l'Eternel » (Proverbes 20:27). Or, une lampe est un objet très défini et très concret. Une lampe est quelque chose en soi. Ce n'est pas uniquement une chose abstraite. Une lampe est un objet défini. « L'esprit de l'homme est une lampe de l'Eternel ». Lorsque Adam fut désobéissant, cette lampe s'éteignit. L'esprit de l'homme ne fut plus la lampe de l'Eternel dans cet homme. La lumière s'éteignit.

C'est ainsi que, dans toute la Bible, il est montré et déclaré que, par nature, l'homme est dans les ténèbres; par nature, l'homme est aveugle; par nature, l'homme est sans intelligence; par nature, l'homme n'a pas la connaissance qui est la vie. Le Seigneur Jésus a fondé Sa venue et tout Son ministère sur ce fait. « Moi, je suis venu dans le monde, la lumière» (Jean 12:46). « Moi, je suis venu dans le monde... afin que ceux qui ne voient pas, voient » (Jean 9:39). « Et c'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jean 17:3). Il est reconnu et établi que l'homme est dans les ténèbres, qu'il est aveugle, sans connaissance, et sans intelligence.

« Les choses profondes de Dieu »

Maintenant, le grand passage qui résume tout cela, c'est le texte d'où nous avons tiré le titre de ce message – 1 Corinthiens 2:14.

« L'homme naturel ne reçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu; car elles lui sont folie ; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement. Mais celui qui est spirituel discerne toutes choses ».

Il nous faudrait réellement lire le chapitre tout entier, et je vous demanderai de lire ce chapitre très attentivement le plus tôt possible. Que trouvons-nous ici? Au verset 10, nous avons cette phrase: « Car l'Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu » . Or, ceci est déclaré au sujet de ce qui venait d'être dit. « Ce que l'œil n'a pas vu, et que l'oreille n'a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment, – Mais Dieu nous l’a révélée par son Esprit ; car l'Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu » . (1 Corinthiens 2:9-10)

Si nous analysons ce passage, nous avons simplement ceci. Il y a les choses profondes de Dieu. Ces choses profondes de Dieu sont ce que œil n'a vu, et que l’oreille n'a pas entendu, des choses dont le cœur humain n'a jamais eu la révélation, toutes ces choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment . Et la conclusion définitive, c'est que l'homme naturel est fermé à tout cela. Il ne peut simplement pas connaître les choses profondes de Dieu, car l'œil naturel n'a vu, l'oreille naturelle n'a entendu, le cœur naturel n'a conçu ni perçu rien de tout cela. Tout cela a été fermé pour l'homme lorsque Adam a désobéi à Dieu. L'homme naturel est absolument discrédité, entièrement inadéquat, dans le domaine des choses de Dieu. C'est une déclaration très formelle, très sévère, très entière.

Une Faculté Renouvelée

Il faut donc que quelque chose soit fait dans l'homme, pour qu'il puisse rentrer dans le domaine où tout cela lui sera accessible, où les choses profondes de Dieu seront, pour lui, un livre ouvert – une chose merveilleuse à dire: où les choses que l'œil n'avait jamais vues, que l'oreille n'avait jamais entendues, que le cœur n'avait jamais perçues, seront désormais toutes ouvertes, ces choses qui sont l'héritage de l'homme. Il faut que quelque chose vienne changer cet état, et rendre tout cela réel. Mais c'est ce que nous trouvons ici! Cela ne nous est pas montré comme quelque chose qui doit arriver plus tard. Cela n'appartient pas à l'Au-delà; ce n'est pas dans les Cieux que nous le verrons. Non, c'est quelque chose qui a été fait au jour de la Pentecôte. « Dieu nous les a révélées » – non pas les révèlera. - « Dieu nous les a révélées par Son Esprit », « à nous », dit Paul, « Dieu les a révélées par Son Esprit » . La lampe a été ré-allumée, la lumière est née de nouveau; la faculté, qui est la lampe de la vie spirituelle – de la lumière, de l'intelligence de la connaissance, de la perception spirituelles, et de l'héritage spirituel – a été amenée dans une vie nouvelle.

C'est cela la nouvelle naissance. C'est l'esprit de l'homme, qui avait perdu son pouvoir de connaître Dieu et les choses de Dieu, et qui est ramené dans la vie, comme sortant de la mort, ramené dans la lumière, comme sortant de l'obscurité, ramené dans la connaissance, comme sortant de l'ignorance, ramené à la vue, comme sortant de l'aveuglement. Cela, mes chers amis, c'est le commencement même de la vie chrétienne. Oh! si cela avait été saisi et expérimenté, et était devenait réalité pour chaque chrétien, n'ai-je pas raison de dire que beaucoup des choses qui existent, n'existeraient pas? Et cela est dit très sobrement. Nous commençons ainsi par la nature d'un homme dans l’incapacité en ce qui concerne Dieu et toutes Ses choses, et ensuite, par la venue du Saint-Esprit et l’œuvre du Saint-Esprit dans la nouvelle naissance, cet homme alors dans l’incapacité est rendu capable. Il a désormais une faculté qu'il n'avait jamais possédée dans sa propre nature; il est vivifié, et rendu alerte et vivant.

Or, toute cette question, comme nous l'avons dit, est liée avant tout, et pour commencer, à une faculté. Il nous faut bien réaliser cela, car c'est un point duquel dépendent tant de choses. Cela concerne une faculté, renouvelée, vivifiée et fortifiée par l'Esprit de Dieu, pour connaître les choses profondes de Dieu. Il ne s'agit pas simplement d'une question d'information venant de l'extérieur. Ce n'est pas simplement une question de ce que nous recevons par le moyen de prédications, d'enseignements, de ministères, de messages et de livres. Nous pouvons avoir tant d'informations au sujet de Dieu et des choses de Dieu, nous pouvons lire sans relâche et avoir toute cette connaissance, et la passer aux autres comme si elle était notre, mais ce ne sont que des informations reçue des autres. Ce que fait l'Esprit de Dieu, c'est de nous donner tout directement, dans notre propre expérience; s'il n'en est pas ainsi, nous vivons simplement de quelque chose d'objectif, qui est en-dehors de nous-mêmes, que ce soient des prédications, des messages, des églises, ou autre chose. Il doit y avoir en nous une lampe allumée, pour illuminer les choses de Dieu.

L'Union Vitale avec Dieu

Cependant, nous avons parlé d'une union « vitale » avec Dieu. Elle nous est indiquée par les paroles qui suivent dans ce chapitre second de la première épître aux Corinthiens. « Qui des hommes connaît les choses de l’homme, si ce n’est l'esprit de l'homme qui est en lui? » (Verset 11). Permettez-moi d'illustrer cette pensée en m'adressant pour un instant à mes lecteurs hommes. Vous et moi, frères, nous pouvons nous comprendre l'un l'autre – en tout cas jusqu'à un certain point! – simplement parce que nous sommes des hommes-frères. Nous savons ce que pensent les hommes, ce que sentent les hommes et comment agissent les hommes; et si nous connaissons d'autres hommes, nous savons ce que nous devons attendre des hommes, et ce que nous ne pouvons pas attendre des hommes. Nous sommes des hommes, et il y a en nous quelque chose que nous avons en commun, et qui est la vie de l'homme, et qui nous donne la capacité de nous comprendre l'un l'autre.

« Ainsi », dit l'apôtre, « personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n'est l'Esprit de Dieu ». Seul, l'Esprit de Dieu comprend les choses de Dieu, parce qu'Ils ont quelque chose en commun. Or, l'homme naturel ne comprend pas Dieu, ni les choses de Dieu. Nous savons cela. Alors même que nous sommes chrétiens, combien notre vie naturelle limite notre compréhension de Dieu! Il nous faut avoir une connaissance et une compréhension de Dieu, que nous ne possédons pas naturellement, sinon nous sommes troublés, et défaits, et désorientés. Seul l'Esprit de Dieu comprend Dieu, parce qu'Ils sont Dieu l'un et l'autre.

Or, si l'Esprit de Dieu entre en nous, et commence à agir en nous, nous sommes élevés à un niveau beaucoup plus haut que le niveau de « l'homme naturel ». L'Esprit commence, par cette faculté renouvelée, à nous rendre capables de comprendre les choses de Dieu, et c'est là l'expérience de chacun de ceux à qui se révèle l'Esprit. Cela commence par une faculté qui est en nous. Oh! c'est une chose merveilleuse, une chose merveilleuse, que cette faculté – je pense que c'est la chose la plus merveilleuse dans toute la vie chrétienne, après la grâce de Dieu. C'est une chose immense que d'avoir la clef, le secret; d'avoir, en union avec l'Esprit de Dieu, une faculté en nous-mêmes, qui nous permet de sonder – de saisir les choses de Dieu. C'est une chose merveilleuse que d'avoir cette faculté, la chose la plus grande que nous puissions posséder. Pensons simplement à tout ce qui est fermé à l'homme naturel – les choses profondes de Dieu, avec tout ce qui nous est dit de ces choses profondes – et en avouant, disant, « Dieu nous les a révélées ». Et ceci est parce qu'Il a accompli quelque chose en nous.

Connaissons-nous ce bien suprême? Oh! ce n'est pas encore parfait. Nous avons dit que, pour commencer, c'est une faculté qui est renouvelée, de sorte que l'homme est devenu un être changé, qui possède cette faculté même. Mais c'est ensuite une oeuvre progressive, qui se poursuit dans deux lignes, ou de deux manières.

« Révélation » et « Compréhension »

Ces deux termes se trouvent dans cette partie du Nouveau Testament qui est la présentation suprême de la pensée de Dieu pour l'Eglise – la Lettre aux Ephésiens.

Le premier se trouve dans la prière du chapitre premier, au verset 17: « l’esprit de... révélation ».

Et le second est dans la prière du chapitre troisième, au verset 18: «fortifiés en puissance... que vous soyez capables de comprendre... et de connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance » (versets 16-18).

Ainsi, pour ceux qui ont déjà expérimenté, par la nouvelle naissance, le changement fondamental et définitif, le chemin du progrès dans la connaissance et l'intelligence spirituelles, est par la révélation et la compréhension.

Lorsque nous parlons de « révélation » , comprenons bien (et nous soulignons ceci avec toute la force possible) que nous ne parlons pas de quelque chose qui soit en-dehors des Ecritures, mais de ce que Dieu nous dit par les Ecritures. Il n'est sûrement pas nécessaire de chercher à prouver que c'est une chose que d'avoir le Livre, et une chose toute différente de le comprendre. De plus, l'intelligence de l'homme – du chrétien lui-même – ne saurait comprendre les Ecritures à moins que le Saint-Esprit ne lui révèle leur signification. Il y a beaucoup de preuves convaincantes de cela, et avant tout, peut-être, ce fait que tant d'interprétations absolument divergentes et contraires sont données aux Ecritures, et que tant de positions diverses sont soutenues par des serviteurs de Dieu très consacrés. L'Esprit de Dieu n'a pas deux, ou plusieurs, pensées en conflit. Il a une seule pensée, et dans les Ecritures inspirées, Il exhorte les croyants à être « tous d’un même sentiment » (1 Pierre 3:8). Cela peut être considéré comme une espérance ou un désir impossibles à réaliser, et une telle réaction ne fera que prouver dans quelle mesure l'on s'est éloigné du gouvernement de l'Esprit. D'un autre côté, c'est simplement l'un des aspects – et le principal – de cette grande vérité, que le Seigneur n'abandonne pas Ses premiers principes, mais qu'Il cherche – dans le déclin général – à en avoir une expression véritable. Il en a toujours été ainsi.

Mais, revenons à la « révélation » et à la « compréhension », qui sont deux aspects d'une seule et même chose – l'Esprit qui révèle, et la personne spirituelle qui est capable de saisir ce qui lui est montré, et d'obéir.

Le cœur même de cette question, et celui duquel dépendent tant de choses, c'est précisément ce principe de 1 Corinthiens 2:14 « L'homme naturel ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie ; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement. » Il n'est pas plus possible à un chrétien – à un chrétien très consacré, sérieux, diligent – d'arriver à la pensée de Dieu, dans la Bible ou en dehors de la Bible – par le moyen d'une faculté naturelle, qu'il ne l'est pour une personne non-convertie. L'intelligence naturelle, la capacité intellectuelle, les sens, l'éducation n'ont aucune valeur dans ce domaine de l'Esprit. Cela est également vrai des puissances psychiques, du pouvoir d'un « sixième sens » , comme de la vision mystique.

« L’Âme » et « la Chair » sont sans Recours quant aux Choses Spirituelles

Nous n'avons qu'à nous arrêter sur le mot employé dans notre passage des Ecritures: « l'homme naturel » . C'est un terme descriptif. Il n'a pas en vue uniquement une personne non convertie, qui ne connaît rien de la nouvelle naissance, mais il définit ou décrit une sorte particulière de personnes. « Naturel », c'est notre traduction du mot grec qui signifie « psychique » ou « homme de l'âme » . L'âme est constituée de la raison (l'intelligence), le sentiment (les émotions), et la volonté (le vouloir). Ainsi, l'homme qui s'approche des questions divines, et qui cherche a exercer un Jugement, ou à passer un verdict sur elles par le moyen de toutes ses facultés naturelles, nous est montré comme étant incapable en ce qui concerne le Saint Esprit et « les choses de l'Esprit ». C'est un verdict sévère, qui touche profondément et va très loin, mais c'est là l'enseignement de toutes les Ecritures, enseignement qui est prouvé par elles avec une très grande puissance.

L'on a ordinairement recours, pour tout verdict, tout jugement et toute direction, dans les questions en conflit, aux « docteurs » ou aux « érudits », à ceux qui ont étudié et ont été enseignés dans les écoles, ou qui ont des qualifications intellectuelles. La Parole de Dieu rejette simplement tout cela, comme quelque chose en soi, et elle passe son jugement sur l'âme de l'homme, et déclare que, en elle-même, elle n'a aucune autorité dans les questions spirituelles, et que, par conséquent, l'homme qui opère sur la seule base de son âme ne peut absolument pas connaître les choses de l'Esprit.

Les seules personnes sur lesquelles nous puissions nous appuyer, et dont nous puissions chercher avec confiance le jugement, ce sont les hommes spirituels qui trouvent leur connaissance dans une marche intime avec Dieu, qui ont une vie vraiment crucifiée, une vie de prière, qui s'attendent à Dieu et se remettent à Dieu en tout. Une autre attitude ne saurait apporter que confusion et détresse. Cela donne une responsabilité très solennelle à tous ceux qui cherchent à aider les autres, et influencer des vies pour Dieu.

Le contexte de 1 Corinthiens 2:14 jette beaucoup de lumière sur tout cela. Les conditions qui y sont traitées sont celles de limitation spirituelle, d'enfantillage, d'esprit de dispute – toutes ces conditions qui tendent à détruire la vie. Tout cela est imputé à un niveau ou à une base de vie « psychique », qui s'ingère dans les choses divines. En contraste avec cela, le message catégorique affirme que, pour l'édification, l'unité, la croissance, la maturité et l'efficacité, une autre base est essentielle – celle d'une vie dans l'Esprit, vécue par des croyants réellement spirituels. L'apôtre introduit ensuite un autre mot: « charnel » . Ce terme ne signifie pas nécessairement une troisième classe de personnes. Charnel – ou « de la chair » – signifie simplement le facteur positif de la vie personnelle dans l'âme; c'est le principe du « Moi », comme le montre le contexte.

Le problème ne consiste pas dans le fait que l'homme a une âme; mais lorsque l'âme devient la base sur laquelle on essaie de s'introduire dans les choses divines, elle sort de son domaine et cela créera des troubles. Et cependant, lorsque l'âme est poussée par des mobiles personnels, des intérêts égoïstes, et des considérations mesquines, c'est « la chair » qui s'affirme – un esprit charnel et cela est effectivement mauvais.

Après avoir dit cela, nous pensons que quelqu'un ne verra pas encore clairement – au point de vue pratique – ce que signifie « la révélation ». Comment nous vient-elle? Nous disons avec force que nous ne parlons pas d'entendre des voix, d'entrer dans une attitude passive pour recevoir des impressions, des communications, pour avoir des idées et toute sorte de choses semblables. La véritable clé pour la révélation, c'est d'avoir un esprit vivant, ouvert et sensible à l'Esprit de Dieu. Nous aurons alors ce que l'apôtre appelle le témoignage de l'Esprit. « L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu.» (Romains 8:16).

Le Témoignage de l'Esprit

Comment l'Esprit rend t-il témoignage? « La pensée de l'Esprit est vie et paix » (Romains 8:6). L'Esprit est « l'Esprit de vie » (verset 2). Nos esprits ont été rendus vivants par la vie divine, qui est différente de la vie naturelle. Nous savons que nous sommes vivants d'une manière toute nouvelle. Ainsi lorsque nos pensées sont en accord avec l'Esprit, nous avons un réel témoignage, ou un sens de vie. Lorsqu'elles ne sont pas en accord avec l'Esprit, nous perdons ce témoignage ; et si elles sont contraires à l’Esprit, nous ressentons – ou devrions ressentir – Sa réserve, Sa défense, Sa désapprobation, et cela, c'est la mort, une impression négative dans notre esprit.

Ensuite, l'Esprit est « l'Esprit de vérité » (Jean 16:13). Il devrait être impossible à un enfant de Dieu – et d’autant plus à un serviteur de Dieu – de recevoir, d'accepter et de répéter quelque chose qui ne soit pas vrai, sans que l'Esprit montre à son esprit que cela n'est pas la vérité. Si à ce moment là, l'enfant de Dieu n'est pas suffisamment conscient du toucher de l'Esprit Saint, cependant lorsqu'il aura un temps de recueillement devant le Seigneur, pour la méditation et la communion (et non pas simplement pour apporter une quantité de requêtes), cette chose lui sera certainement rappelée, et il devra la considérer. C'est là la vraie spiritualité, et c'est ce que signifie marcher avec Dieu.

Il est facile de voir que, si cela était plus généralement vrai dans l'expérience des enfants de Dieu, beaucoup de terrain serait enlevé a l’œuvre à l’ennemi, qui cherche a susciter des méfiances et des divisions. L'un des problèmes les plus poignants parmi les chrétiens évangéliques, c'est de comprendre comment des hommes qui connaissent et enseignent la doctrine de l'Esprit demeurant en nous, peuvent accepter, croire et enseigner des choses qui ne soient pas vraies concernant d'autres enfants de Dieu, sans toutefois que le Saint-Esprit ne puisse les rendre malheureux intérieurement à ce sujet.

Ce que nous avons dit du témoignage de l'Esprit est la base de toute révélation. La Parole de Dieu doit devenir vivante en nous. Nous pouvons connaître la Bible, quant à son contenu, et la connaître très bien. C'est ainsi que la connaissaient les Juifs et leurs docteurs. Et cependant, ils ont tué le Fils de Dieu! C'est seulement lorsque le Saint-Esprit prend la Parole et la rend vivante pour nous, que cela fait toute la différence dans notre vie, notre conduite, notre compréhension, et notre force, et que nous pouvons dire: « Le Seigneur a fait vivre en moi cette parole, et je ne saurais plus jamais être le même! ».

La connaissance spirituelle est d'un ordre différent de la connaissance purement intellectuelle, même en ce qui concerne la Parole de Dieu. L'intelligence est une servante de l'esprit, et non son maître. C'est l'esprit qui dicte à l'intelligence, et non l'opposé. L'intelligence est l'organe de l'existence consciente du Moi, de même que le sentiment et la volonté. L'esprit est l'organe de la vie consciente de Dieu, et il nous relie à des domaines de connaissance qui sont fermés à l'intellect par lui-même.

Nous espérons que ce que nous venons de dire jettera quelque lumière sur deux choses:

1) Le chemin de la croissance spirituelle après la nouvelle naissance.

2) La cause de la confusion et des contradictions ahurissantes qui existent parmi les chrétiens les plus consacrés.

En terminant cette partie de notre considération, il nous reste à ajouter brièvement une ou deux pensées.

La réponse à toutes les questions, la fin de toutes les argumentations, et la vérité au sujet de toutes choses, ne sont jamais les meilleurs opinions ou jugements des hommes – si influents ou si consacrés soient-ils. C’est: Quelle place la chose en question donne-t-elle au Seigneur Jésus? Est-ce qu'elle signifie qu'Il a la seule place, et si nous suivons ce chemin, cela Lui donnera-t-il plus de place dans notre vie? Le chemin qui nous est présenté provoquera t-il un progrès dans la connaissance de Christ et un élargissement par rapport à la stature de Christ. C'est ainsi que Paul régla le conflit en Galatie, et les querelles au sujet des docteurs à Corinthe.

Comprenons ensuite que le don du Saint-Esprit est le droit de naissance de chaque véritable enfant de Dieu. La présence du Saint-Esprit en nous, nous amène sous des cieux ouverts et dans une compréhension toujours grandissante de Christ. Mais souvenons-nous que le chapitre six des Romains précède le chapitre huit, et que Romains huit découle des plus certainement de Romains six.

NOTES SUR LA SIGNIFICATION DE LA « REVELATION »

Une Illustration Tirée de « La Vie de Martin Luther »

« Je fus saisi par un désir merveilleux et ardent de comprendre ce que Paul disait dans son épître aux Romains: mais il y avait un passage qui m'arrêtait, et il se trouvait dans le premier chapitre. C'était le verset 17: « Car la justice de Dieu y est [dans l’évangile] révélée » . Je haïssais cette phrase, « la justice de Dieu », ce qui était alors courant parmi les étudiants. Je la comprenais dans le sens d'une justice qui « donne à chacun ce qui lui est dû » ; et cela signifiait donc que le Dieu juste punissait simplement les hommes pécheurs et méchants. Mais je sentais que, alors même que je vivais une vie sans reproche, une vie de moine, j'étais cependant un pécheur aux yeux de Dieu, et ma conscience était très tourmentée. Je sentais que je n'avais et ne pouvais avoir aucune certitude de trouver la réconciliation par une expiation qu'il me serait possible de faire. Je n'avais donc aucun amour pour un Dieu juste qui punissait les pécheurs; je Le haïssais plutôt; et, si ce n'était par des blasphèmes silencieux. c'était néanmoins par un esprit de rébellion que je me plaignais de Lui d'une manière terrible, en disant: « N'était-ce pas suffisant qu'un pauvre pécheur soit perdu pour toute l'éternité à cause du péché originel, et qu'il soit puni de toute sorte de souffrances et de peines par la loi de Moïse et les Dix commandements? Et faut-il que maintenant, Dieu doive se servir de l'Evangile pour amasser les punitions et nous menacer de Sa justice et de Sa colère? » Je m'emportais contre tout cela avec une conscience meurtrie et confuse, et j'entrais constamment en collision avec cette phrase de Paul, et aspirais ardemment à comprendre ce qu'il avait voulu dire par là. »

«Luther se releva sur ses pieds, et marcha de long en large... Après un certain temps, il se rassit et relut une fois encore le texte dans son contexte. Soudain, sa vision s'éclaira; il sentit qu'un voile avait été enlevé; il put voir ce que Paul avait vu; la justice dont nous parlait Paul n'était pas la justice de Dieu qui demande la rétribution, mais celle qui est imputée au croyant; elle est donc une expression profonde de la grâce de Dieu: Dieu présente Sa propre justice au croyant. Par Sa grâce, Dieu le regarde comme étant déjà juste, alors même qu'en lui, il ne l'est pas... La justice de Christ est quelque chose qui m'appartient. »

Ce fut à ce moment-là que Luther fut délivré. Il sauta de sa chaise. « Il me sembla que j'étais né de nouveau, et que j'étais entré dans le Paradis par des portes qui venaient de s'ouvrir. Aussitôt la Bible commença à me parler d'une manière toute différente. Cette phrase même – « la justice de Dieu » , que j'avais tant haïe auparavant, devint celle que j'aimais par-dessus tout. C'est ainsi que ce passage de Paul devint pour moi la porte du Paradis ».

Nous aurions pu citer de meilleurs exemples de ce que nous entendons par « révélation », mais nous avons choisi celui-ci, parce qu'il peut servir à plus d'un objet.

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